L'inovation technologique a toujours été une arme à double tranchant et il semble inévitable qu'elle le sera toujours. (cf. histoire de l'invention de Richard Gatling). Le pouvoir de la technologie devrait être plus respecté et nous devrions l'analyser tout en se méfiant de façon rationnelle. Il en est de notre devoir vis-à-vis des nouvelles technologies, nous devons apprendre à douter d'elles mais avant tout nous devons apprendre à anticiper les dommages collatéraux.
L'année 2016 a été une année charnière, les ingérences en ligne lors de l'election présidentielle américaine ont contribué à installer une ancienne vedette de la téléréalité dans le bureau politique le plus puissant du monde. Les "bots" et autres "trolls" utilisés par la Russie lors de la cyberattaque visant l'election présidentielle américaine ont également orienté le référendum sur le Brexit avec un succés similaire lors que le Royaume-Uni décida de quitter l'Union Européenne. En 2016 les entreprises technologiques ont engrangé des profits records alors que les inégalités mondiales de revenus atteignaientt des niveaux similaires à ceux enregistrés à la veille de la Révolution française. L'intelligence artificielle est devenue joueuse de Go, conductrice, traductrice, artiste, médecin et arme de guerre tout ça en lien avec le cyber.
Le cyber est un monde qui se repose sur un ensemble de lignes numériques. On ne peut pas le toucher avec ses mains, ni le respirer, c'est un monde composé de câbles, de circuits, d'ordinateurs et de disques, mais nous pouvons le considérer comme un monde supplémentaire.
Nous sommes des créatures analogiques, en tant qu'humain l'expérience que nous faisons de différentes formes de communication comme lire un livre, écouter de la musique ou regarder un film se déroule le long d'un axe temporel et nous permet de décoder et d'interpréter le contenu de notre choix sur le support de notre choix.
Notre implication est donc prépondérante.
Mais le cyberespace et Internet permettent d'accéder à une convergence de tous les medias de façon aléatoire et quasi instantanée. Cet accès aléatoire transforme le spectacteur en recepteur passif d'une avalanche d'informations où tout arrive en même temps. Il n'y a pas de continuité, pas de lien entre les choses, il n'y a ni avant, ni après, il y a seulement maintenant.
Surfer sur l'Internet relève de l'execice spirituel. Platon appelait cette réalité transcendante où toutes les informations étaient stockées "sumplokê" soit, l'Internet ou encore l'esprit de Dieu. C'est faire face à un Dieu que nous aurions créé nous-même. Nous utilisons Internet et le pensons comme une réalité transcendante.
L'impact qu'a eu l'invention de l'ordinateur et d'Internet n'est comparable qu'à celui de l'invention de la presse typographique: l'imprimerie.
L'idée de Gutenberg, inventeur de la presse typographique, vers 1450 était de partager le savoir de façon plus étendue en imprimant plus qu'en recopiant à la main et de permetre à plus de gens d'accéder à la vérité. Mais, il s'agissait peut-être de créer un monopôle en propageant un seul type de savoir: la Bible ce qui est une certaine forme de concervatisme. Mais cette idée s'est avérée impossible car l'invention de la presse a permis de créer tous types de contenu.
Cependant, le fait d'imprimer la Bible provoqua la scission de l'Eglise catholique. Gutenberg a trasformé la réalité sociale de façon violente avec l'impression et la diffusion d'un pamphlet de Martin Luther qui dénonce la corruption au sein de l'Eglise catholique dans lequel il affirme que seul la Bible peut faire office d'autorité religieuse. Ceci a provoqué une des guerres les plus longues de l'histoire européenne : la guerre de Trente Ans.
Gutenberg n'avait vu venir cette scission de l'Eglise catholique, pas moins que Martin Luther n'avait vu venir le carnage de la guerre Trente Ans.
L'impression n'a pas eu que des effets positifs en démocratisant le monde, elle a permis aussi à des bureaucraties d'asservir les populations.
Le contenu d'un média n'est jamais neutre.
L'histoire des médias modernes est profondemment lié à la diffusion de la Bible à large échelle. Sa traduction et son impression ont impacté le développement même du média. Les données qui nourissent un système d'intelligence artificielle ou un réseau social vont co-déterminer la façon dont le média va se développer.
Une des différences entre l'impression typographique et Internet, c'est que le première est unidirectionnelle alors que la seconde est bidirectionnelle. Internet est une presse typographique à deux dimensions. Avec toutes les informations échangées sur Internet nous pouvons nous demander si il esiste une modélisation de l'information pour creer un savoir et qui décide ce qui est important et ce qui ne l'est pas.
Si ce type de mécanisme n'est pas géré par des humains mais par des machines programmées par des humains, il est probable que celles-ci peuvent produire un résultat similaire aux volontés de Gutenberg : un savoir monopolisé et une croyance unique partagée par tous, nous devons résister à l'envie d'imiter Gutenberg et plutôt tirer les leçons du passé, il ne faut pas chercher à consolider le savoir mais plutôt le diffuser à travers le monde.
Lorsqu'on regarde l'évolution d'Internet, on se rend compte que l'erreur fatale a été de préviligier ce qui était lucratif au détriment de ce qui ne l'était pas comme wikipédia. Pendant les 25 premières années de 1969 à 1994, Internet a juste été une incroyable invention technologique. Personne n'a jamais songé à déposer de brevet ou à s'emparer du concept.
Mais le 12 avril 1994, deux avocats, Leonard Kanter et son épouse Martha Segal, ont ouvert la brèche en envoyant le premier spam de l'histoire.
Le couple a envoyé un message electronique à plus de six mille groupes de discussion américains. Le message annoncé que la loterie de la "Green Card" de 1994 est peut-être la dernière. Les deux avocats proposèrent leur service pour remplir sa demande de Green Card.
Les utilisateurs d'Internet, mécontants de voir un message publicitaire, ont envoyé tellement de messages qu'ils ont fait planter leurs serveurs sans le vouloir. Ce fut la première attaque par deni de service.
Le mal était fait, les gens et les entreprises privées avaient désormais conscience qu'Internet pouvait servir des objectifs commerciaux, être source de profits et faire de l'argent.
Le mot cyber vient du mot grec kubernân qui signifie gouverner nous l'utilisons désormais pour désigner tout ce qui est en lien avec le monde numérique contemporain. D'une façon plus profonde le terme renvoie à la façon dont on contrôle les systèmes sociaux. Apple a créé en 1984 une publicité emblématique pour la sortie du premeir Macintosh mettant en scène une femme pleine de vie représentant la marque capable de briser la loi dystopique de Big Brother.
Vingt cind ans plus tard, la sauveuse de l'umanité est elle-même devenue une variante de Big Brother le personnage de George Orwell. Apple comme autres géants du net comme Microsoft, Google et Facebook disposent d'un niveau de pouvoir économique et d'un cybercontrôle qui se rapprochent dangeresement de la dystopie orwellienne.
L'apprentissage automatique peut influencer l'avenir. L'algorithme Compas est un exemple d'innovation technologique qui a eu un effet désastreux sur la société. Cette algorithme détermine la probabilité de récidive d'un criminel. L'éventail de données judiciaire utilisé pour entrainer le modèle était largement discriminatoire, et ciblé certains groupes ethniques notamment en raison d'interventions policières abusives. Le modèle a intégré ces tendances et a injustement dicriminé les minorités afro-américaines et hispaniques. Une solution consiste a utiliser de nombreux modèles différents lorsqu'un entraîne un modèle de "machine learnong" afin d'évaluer le comportement du modèle et de choisir le meilleurs par rapport aux données qui seront exploitées. L'idée est d'évaluer l'algorithme dans différent types de situations afin d'avoir des indicateurs pointant les biais du modèle lors de réponses à des questions fermées.
Les algorithmes des réseaux sociaux sont faits pour maximiser le temps passé sur la plateforme. Les entreprises comme Google, Facebook, Twitter ou Tiktok qui contrôlent les réseaux sociaux ont une mainmise sur la population. Pour développer un algorithme, on se base sur les mécanismes addictifs du cerveau humain, l'algorithme initial de Facebook est le même que celui utilisé par Tinder créé à Harvard. Pour Facebook, l'idée est de publier une image de celui ou de celle d'on voudrait être. il est donc très facile de manipuler les utilisateurs de cette application puisse qu'ils racontent eux-même la vie qu'ils aimeraient mener. Les échanges sociaux ont toujours un fond économique. Les données qui reproduisent les images ont une valeur monétaire.
Il n'y a pas de donnée neutre.
Les données sont devenues marchandises avec l'apparition de deux éléments révolutionnaires : les mégadonnées ou "big data" et l'apprentissage profond ou "Deep learning" qui ont ouvert de nouvelles perspectives à l'intelligence artificielle. Ce sont les deux avancées les plus importantes en terme d'intelligence artificielle sur les dix dernières années. Les megadonnées permettent d'identifier de nouveaux modèles, qui, sans elles seraient impossibles. Grace à elles, l'apprentissage profond est de venu la principe forme de l'Intelligence Artificielle.
Internet permet aux utilisateurs de produire une grande quantité de données qui sont exploitées par seules quelques plateformes qui contrôlent son accessivilité, c'est tout le paradoxe. Les données récoltées permettent de dresser un portrait de qui nous sommes mais aussi de nos désirs futurs. Elles sont transmisent à des annonceurs. Les données extraites sur les gens permettent d'influencer leurs actiones actions futures car on sait ce qu'ils pensent et ce qu'ils ressentent.
Nous pouvons nous questionner sur une logique économique qui impose certaines formes de comportements sociaux. Afin d'obtenir des prédictions fiables qui constituent le fond de commerce, les entreprises du web vendent à leur clients une certitude. Le succès de leur analyse prédictive dépend de la façon dont ils pouvaient influer sur nos comportements, ils cherchent à nous amadouer pour orienter nos comportements dans le sens des résultats qui vendent à leurs clients. Exemple des économies d'action avec Pokemon Go payé par McDonald's, Starbucks ou Joe's Pizza.
Le capitalisme a accéléré et maintenant c'est l'accélération du capitalisme qui accélère ce qui explique le nombre de millardaires. Peut être que le voyage dans l'espace de Jeff Bezos est aussi important car il lui permet de détourner l'attention de ceux qui vivent sur la planète Terre. Le détournement d'attention pour mieux contrôler les masses appauvries a pour objectif de laisser prospérer les plus grandes inégalités. Notre siècle n'est pas l'apothéose de la démocratisation, c'est l'emergence d'un nouveau genre de sociétés marquées par des formes extrêmes d'inégalités sociales. L'écart des revenus est une des caractéristiques majeures du développement du numérique. La société n'a jamais été aussi inégalitaire. De ce point de vue, la situation est comparable à la Révolution française.
Les excés des millardaires et leur déconnexion du monde réel n'a rien de nouveau, en revenche l'augmentation exponentielle de leur fortune a quelque chose d'inédit. Le cyber a créé une nouvelle forme de capitalisme: le capitalisme de surveillance. Celui-ci s'est approprié une dynamique de marché qui exploite la vie privée des gens.
Les algorithmes des médias sociaux qui selectionnent ce qui est lu par de millards de personnes ont un impacte immense sur notre société et nous n'avons aucun contrôle dessus. Même ceux qui développent ces algorithmes ne les maitrisent pas vraiment. Exemple de l'Assaut du capitole le 6 Janvier 2021. L'idée est de savoir si les médias sociaux sont à l'origine de dysfonctionnements politiques au sein de nos sociétés, de désinformation, de mauvaises décisions et de polarisation.
Les algorithmes ont été programmés pour augmenter le taux de clics. Ils ont appris à manipuler les êtres humains pour influencer leurs comportements et les rendre plus prévisibles. Plus nos goûts sont prévisibles, plus l'algorithme nous enverra des contenus sur lesquels nous allons cliquer.
L'intelligence artificielle est un savoir-faire (ou science) grâce auquel des machines vont exécuter des tâches qui ont besoin de l'intelligence humaine.
Une personne est intelligente si on peut attendre de ses actions quelles parviennent à leurs objectifs, nous avons alors construit des machines qui savent atteindre les objectifs qu'on leur assigne. C'est ce paradigme sur lequel s'est construit le développement de l'intelligence artificielle depuis les années 40.